Un sondage Odoxa-CGI réalisé pour France info et le réseau France bleu, publié hier soir, confirme une nouvelle fois la place privilégiée que les maires occupent dans le paysage politique, avec une popularité inégalée.
Cette vaste enquête (elle a été réalisée auprès de plus de 3000 personnes, ce qui est un panel nettement plus large que ce qui se fait usuellement) fait apparaître que 63 % des personnes interrogées ont « une bonne opinion » de leur maire. C’est de très loin l’élu local le plus connu (91 % des sondés le connaissent). Le sondage livre un élément intéressant : « La popularité des maires décroît de manière spectaculaire à mesure que le nombre d’habitants de la commune augmente. » Alors que 69 % des habitants des petites communes rurales ont une bonne opinion de leur maire, ce chiffre tombe à 51 % dans les communes de plus de 100 000 habitants. Les sondeurs relient ces données à l’impopularité générale dont jouissent les hommes politiques : « Plus un maire gère une ville importante, plus il ressemble aux yeux de ses administrés à un ‘’homme politique’’ et par conséquent, on lui trouve moins de qualités. »
Les maires manquent de moyens
Le sondage révèle par ailleurs que 67 % des sondés trouvent leur maire « compétent » et « honnête », et 60 % « proche des préoccupations des habitants ». Là encore les habitants des zones rurales attribuent ces qualités à leur maire nettement plus (6 à 8 points de plus) que ceux des villes.
Les trois quarts des sondés considèrent que les maires « manquent de moyens » et près de 80 % rejettent l’idée qu’ils « se plaignent trop ». Ils sont entre 60 et 65 % à estimer que les maires subissent un « manque de respect ». 36 % estiment même qu’ils exercent « un métier dangereux ». « Les Français n’envient pas leur maire », commentent les auteurs de l’étude : 84 % d’entre eux disent ne pas avoir envie d’occuper leur poste.
Renforcer les pouvoirs de la commune
Interrogés sur les thématiques jugées prioritaires pour le prochain mandat, les sondés désignent en premier lieu la sécurité (46 %), puis l’environnement (36 %). Sur cette dernière préoccupation, elle est sans surprise plus prégnante chez les habitants des grandes villes et chez les jeunes.
Les auteurs de l’étude notent que deux préoccupations se heurtent : la demande d’une meilleure prise en compte de l’environnement, d’une part, et le mécontentement souvent fort sur les conditions de circulation et de stationnement. « C’est la quadrature du cercle que les élus doivent ici résoudre : lutter contre le réchauffement climatique sans rendre la vie de leurs administrés impossible. »
Autre enseignement : 72 % des personnes interrogées estiment qu’il faudrait « renforcer les pouvoirs de la commune » (contre seulement 25 % pour le conseil départemental et 22 % pour l’intercommunalité).
Ces chiffres se retrouvent, d’ailleurs, lorsque l’on parle de popularité : le degré de popularité des maires est très au-dessus de celui de tous les autres élus locaux, sans parler des élus nationaux : seuls 38 % de sondés disent avoir une bonne opinion de leur président de région, 35 % de leur président de département ou leur député, 25 % de leur sénateur.
Interrogé ce matin sur France info à propos de ce sondage, François Baroin, président de l’AMF, s’est naturellement réjoui de ces résultats, qui ne l’étonnent pas : « Le maire résiste [au rejet des élus] parce qu’il ne ressemble pas à un homme politique. Il est à l’écoute et disponible, il travaille avec tous et pour tous. Il travaille au coin de la rue et parle aux gens », ce qui fait de lui, selon le maire de Troyes, « l’incarnation » de l’homme politique proche de la population.
SOURCE : MAIREinfo – Edition du mercredi 9 octobre 2019