D’ici la fin de la semaine, des éléments de calendrier de reprise des activités, qui pourrait s’étendre de la mi-mai – on s’acheminerait vers la réouverture des terrasses et de certains lieux culturels – à début juillet, seront dévoilés. Emmanuel Macron devrait défendre, lui-même, les arbitrages retenus par l’exécutif dans la foulée, au cours d’une allocution ou d’une émission de télévision. L’Union sport et cycle (USC), première organisation professionnelle du secteur du sport et des loisirs, attend beaucoup de ces annonces. Elle plaide notamment en faveur d’une réouverture dès la mi-mai des piscines et des centres aquatiques. « La fermeture prolongée des piscines et centres aquatiques engendre le risque de voir des pratiques libres non sécurisées se développer », écrit-elle dans un communiqué publié hier.
C’est donc d’abord une question de « sécurité publique, argue l’organisation. Les restrictions actuelles portent un grave préjudice à l’ensemble de la population, privée du plan « Aisance aquatique » mis en place par le gouvernement [en avril 2019, ndlr] et visant à prévenir les noyades et accompagner les enfants dans la découverte du milieu aquatique ».
Des programmes « 5 jours à la piscine »
Roxana Maracineanu a déjà démontré qu’elle était sensible à cette question. La ministre chargée des Sports et ancienne championne de natation ne dissimulait d’ailleurs pas son inquiétude, le mois dernier dans Le Parisien, quant à une explosion du nombre de noyades cet été. Afin de limiter cette potentielle vague, elle a annoncé, le 9 mars, le « déploiement de bassins mobiles d’apprentissage de quatre mètres par huit dans les écoles et les gymnases, en accord avec les rectorats ». L’État aiderait « l’achat à hauteur de 50 % de ces bassins mobiles, par exemple par des associations sportives, qui ensuite, les amèneraient dans les écoles pour des sessions de natation. Les autres collectivités – régions, mairies – doivent aussi aider. On peut tabler sur 800 bassins en tout », espérait-elle. Cela suffira-t-il ? Rien n’est moins sûr car ce sont près de 800 000 écoliers et collégiens qui n’ont pas pu apprendre à nager ou pratiquer de manière régulière la natation depuis le début de la crise sanitaire, en mars 2020.
« Cette réouverture en phase 1 est d’autant plus justifiée et primordiale que le nombre de séances doit être suffisant pour obtenir un effet pédagogique et mener à son terme le dispositif du savoir-nager, poursuit l’USC. Les piscines et centres aquatiques partagent cette mission de sécurité publique avec les collectivités locales, avec lesquelles ils proposent de développer des programmes « 5 jours à la piscine ». Cette solution doit permettre le développement de l’aisance aquatique et la réduction de l’impact de l’arrêt des classes bleues en 2021 ».
« Le risque de contamination est très faible »
Autre argument avancé par l’USC : selon « un ensemble de parutions et d’études », « les piscines couvertes sont des lieux sûrs, où le risque de contamination est très faible ». Les piscines couvertes disposent, en effet pour la plupart, d’un « volume naturel de ventilation [suffisamment] important, complété par des installations de traitement d’air des piscines », pour que « le taux de contamination dans les piscines couvertes [soit] extrêmement faible », selon une étude menée par l’institut berlinois Hermann Rietschel. En outre, rappelle l’USC, « une nouvelle étude commandée par Swim England a pu montrer que le virus de la Covid-19 ne survit pas dans l’eau chlorée ».
Ces résultats devraient logiquement conduire, selon l’USC, à la réouverture des piscines et centres aquatiques, dont « les délégataires de service public se retrouvent aujourd’hui dans une situation difficile (…) Au total, ces acteurs enregistrent une perte de 60 % de leur chiffre d’affaires en 2020 par rapport à 2019. Le coût lié aux dispositions mises en place dans le cadre de la crise sanitaire pourrait d’ailleurs conduire prochainement à des décisions de fermeture d’établissements partout sur le territoire. »
« Un choix entre aggravation de l’endettement ou fermeture de la piscine »
Ces mêmes considérations sont prises aussi en compte par les associations d’élus, qui regrettent que les collectivités soient sommées de faire « un choix entre une aggravation de leur endettement ou la fermeture temporaire voire définitive des complexes aquatiques ».
France urbaine, l’AMF et l’Association nationale des élus en charge du sport (Andes) ont ainsi demandé, dans un courrier à Jacqueline Gourault le mois dernier, un soutien financier de l’État. « Les communes et les intercommunalités tout comme les délégataires, ne peuvent rester les seuls à assumer la charge financière générée par une limitation du public pouvant y accéder (…) Afin d’éviter une telle situation qui serait préjudiciable à la maîtrise de la natation par l’ensemble de la population française, et en particulier des plus jeunes*, il conviendrait que les collectivités locales et les délégataires bénéficient d’une compensation exceptionnelle, spécifiquement dédiée à ces équipements ».
SOURCE : MAIREinfo – Édition du mercredi 28 avril 2021