Le décret du 27 janvier, signalé par Maire info dès sa parution jeudi, a stupéfait de nombreux élus : alors qu’un protocole sanitaire venait à peine d’être diffusé, les règles changeaient à nouveau, avec l’obligation, dans la restauration collective, de faire passer de un à deux mètres la distance minimale « entre les chaises occupées par chaque personne » sauf pour les groupes venant ensemble ou ayant réservé ensemble, dans la limite de quatre personnes.
Brassage « interdit » dans le premier degré
Dans le nouveau protocole diffusé hier, le ministère est plus précis, indiquant que « l’évolution du contexte épidémique », notamment l’apparition des variants, justifie ce nouveau tour de vis. Les nouvelles obligations doivent être mises en œuvre « dès que possible », mais au plus tard le 8 février – est-il indiqué sur le site du ministère.
Première évolution : de façon générale, dans les établissements, le port du masque « grand public de catégorie 1 » est obligatoire pour les personnels comme pour les élèves en école élémentaire, collège et lycée. L’information est importante : cela signifie que les masques « artisanaux » ne doivent plus être acceptés dans les établissements.
Par ailleurs, le protocole spécifie que les élèves doivent porter le masque en permanence, même lorsqu’ils sont assis à la cantine, « tant qu’ils ne consomment pas un plat ou une boisson ».
Dans les cantines, la règle essentielle est « le non-brassage » entre élèves de classes différentes, qui devient à présent « impératif » dans le premier degré. Le protocole est clair sur ce sujet, et rappelle par deux fois que si le brassage doit être « limité » au collège et au lycée, il est « interdit » dans le premier degré.
La règles des deux mètres
Le protocole permet de comprendre la lecture qu’il faut avoir du décret du 27 janvier. Celui-ci évoquait en effet l’obligation de maintenir une distance de deux mètres entre les groupes de quatre personnes mangeant ensemble – mais cela ne s’applique pas dans les cantines scolaires, la règle étant visiblement plutôt faite pour les restaurants d’entreprise. Dans les cantines scolaires, le protocole sanitaire et la fiche « repères » dédiée à ce service figurant sur le site internet du ministère précisent en effet que « les élèves d’une même classe déjeunent ensemble en maintenant une distanciation d’au moins deux mètres avec ceux des autres classes ». En revanche, cette règle de distanciation sociale de deux mètres ne s’applique pas entre les élèves déjeunant ensemble à la même table. Dans ce cas de figure, comme le prévoit le décret du 16 octobre, une distance maximale entre les élèves doit être « recherchée » mais n’est pas obligatoire, si son application aboutit à restreindre les capacités d’accueil du service.
Le protocole préconise également, si les règles de distanciation ne peuvent être respectées, d’aménager « d’autres espaces que les locaux habituellement dédiés à la restauration », comme les « salles des fêtes, gymnases, etc. », et de proposer, « en dernier recours », des repas à emporter. Dans ce cas, il faut veiller à « alterner » les repas chauds à la cantine et froids à emporter, par exemple un jour sur deux.
Ces règles nouvelles vont encore un peu plus compliquer la tâche des gestionnaires de cantines et des personnels, alors que le fait d’arriver à servir les repas aux enfants tous les jours relève déjà d’un « miracle quotidien », comme le dit le secrétaire général de l’Andev, Gabriel Fraga, dans une interview à nos confrères de Localtis ce matin. « Il va falloir que les équipes territoriales parviennent à pousser les murs », dans un contexte où les agents doivent faire face à « une grande fatigue », souligne le DGA des Ulis (Essonne), qui dénonce des protocoles « déconnectés des réalités », et raconte que dans sa commune, il arrive que les élèves « soient rendus aux enseignants à 14 h 10 alors que la pause méridienne a commencé à 11 h 30 ».
À l’AMF, on souligne également que ces nouvelles mesures apportent de nouvelles contraintes et vont provoquer des « impossibilités », vu l’exiguïté de certains locaux. « La mobilisation d’autres espaces municipaux peut se heurter à des problèmes de distance et donc de transport, nécessitant des moyens humains voire techniques dont ne disposent pas toutes les communes », souligne l’association, qui dénonce une fois encore la « surcharge de travail » pour les agents et rappelle la nécessité d’une « compensation par l’État des dépenses engagées par les communes dans ce contexte ».
Fermetures de classes
Le ministère a également modifié les règles sur les cas contact dans les écoles. Attention, de nombreuses informations contradictoires circulent ce matin dans la presse, et il convient de s’en remettre à la FAQ (foire aux questions) mise à jour hier sur le site de l’Éducation nationale. Les règles ne changent pas en école élémentaire et dans le second degré (dans la mesure où les élèves portent tous des masques) : il faut que trois élèves d’une même classe et d’une fratrie différente soient positifs au covid-19 pour que tous élèves et personnels de la classe soient considérés comme cas contact. En revanche, les règles changent en maternelle, où les enfants ne portent pas de masque : il suffit désormais d’un seul enfant positif pour que « tous élèves de la classe soient identifiés comme contacts à risque », ce qui implique la fermeture de la classe. De la classe, soulignons-le, et non de l’école entière, comme on peut le lire ici ou là dans la presse.
Enfin, en cas de signalement par l’ARS de la présence d’un cas de variant dans une école, « la classe concernée sera fermée ».
Télécharger le nouveau protocole et la fiche « restauration scolaire » mise à jour.
SOURCE : MAIREinfo – Édition du mardi 2 février 2021