C’est une intervention surprise du chef de l’État qui a eu lieu hier soir, en fin de journal de 20 h sur TF1, apparemment non prévue en début d’édition. Depuis l’Élysée, à la veille d’un nouveau Conseil de défense, Emmanuel Macron s’est voulu rassurant sur la campagne de vaccination.
Optimisme prudent
La vaccination avance « au rythme prévu », selon le chef de l’État. Alors que, selon les dernières données disponibles, 1,54 million de personnes ont reçu la première injection et presque 68 000 la seconde, il a indiqué que « début mars », l’ensemble des personnes résidant en Ehpad seraient vaccinées – ou du moins celles qui l’ont accepté, soit « 80 % » d’entre elles. Moins précis sur les personnes de plus de 75 ans ne résidant pas en Ehpad, Emmanuel Macron a simplement indiqué qu’elles auront été « largement vaccinées » fin mars. Enfin, répondant aux interrogations du Pr Delfraissy, président du Conseil scientifique, qui doutait la semaine dernière que plus de 40 % de la population puisse être vacciné à la fin de l’été, le président de la République a déclaré qu’à cette date, « nous aurons proposé à tous les Français adultes qui le souhaitent un vaccin ». Les mots sont choisis : « proposer » ne veut pas dire « vacciner », et cette formule prudente ne veut pas dire que de façon certaine, « tous les Français qui le souhaitent » auront reçu la double dose de vaccin à la fin de l’été.
Emmanuel Macron a également confirmé que la campagne de vaccination était une réponse à long terme, qui « ne permet pas de gérer la situation de l’épidémie à court terme ». Autrement dit, l’évolution de la vaccination ne met pas le pays à l’abri, dans les prochains jours ou les prochaines semaines, d’une explosion des cas qui conduirait à un nouveau confinement.
Vaccin AstraZeneca et production en France
Une bonne et une mauvaise nouvelle, hier, concernant le vaccin AstraZeneca. La bonne, c’est que la Haute autorité de santé a autorisé hier l’utilisation du vaccin en France, ce qui va donner lieu, très rapidement, à la publication d’un décret. La mauvaise, c’est qu’à l’instar d’autres pays européens (Allemagne, Italie, Pologne, Suède…), la HAS a émis des réserves sur l’efficacité de ce vaccin chez les plus de 65 ans, et ne « recommande pas », pour l’instant du moins, son utilisation sur ces personnes, dans l’attente de données complémentaires. Ce vaccin ne pourra donc pas servir à accélérer la phase actuelle de vaccination des plus de 75 ans, ni à engager la campagne de vaccination des 65-74 ans, qui est sensée débuter fin février. En revanche, il sera administré aux professionnels de santé et aux « personnes de 50 à 65 ans présentant des comorbidités », a indiqué hier la HAS. Considérable avantage de ce produit par rapport à ceux de Pfizer et Moderna : il peut être conservé dans des réfrigérateurs classiques et n’a pas besoin de super-congélateurs. Il pourra donc être administré en officine par les pharmaciens.
Sur le front des vaccins toujours, le produit russe baptisé Sputnik a fait l’objet d’une étude très positive de la revue médicale The Lancet, qui conclut à une efficacité de « 91 % ». Ce vaccin pourrait donc « rejoindre la lutte contre le covid-19 » et être, à terme, homologué dans les pays d’Europe de l’ouest.
Enfin, Emmanuel Macron a annoncé hier que des doses de vaccins Pfizer et Moderna allaient être produites en France à partir de « fin février, début mars », sur quatre sites industriels. On en sait plus ce matin : il s’agit des usines Récipharm de Monts, en Indre-et-Loire (ce que l’on savait depuis décembre) ; mais aussi Delpharm à Saint-Rémy-sur-Avre (Eure-et-Loir), Fareva à Pau (Pyrénées-Atlantiques) et enfin Sanofi à Val-de-Reuil (Eure) et Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne). Pour ce dernier site, la production ne démarrera pas avant plusieurs mois.
Corse : mesures prolongées jusqu’en mars
Notons enfin qu’une nouvelle mouture du décret du 29 octobre sur les mesures sanitaires a été publiée ce matin, modifiant celui-ci sur deux points.
Pour les universités, il est maintenant indiqué que celles-ci peuvent accueillir « des activités de soutien pédagogiques », mais uniquement « dans la limite d’un effectif d’usagers n’excédant pas 20 % de la capacité d’accueil de l’établissement ».
La deuxième modification concerne les voyages vers la Corse : les mesures obligatoires pour se rendre sur l’île (présentation d’une déclaration sur l’honneur de ne pas présenter de symptômes et de ne pas être cas contact, sous peine de refus d’embarquement, et présentation d’un test négatif de moins de 72 heures), qui étaient en vigueur jusqu’au 7 février, sont directement reconduites jusqu’au 7 mars.
SOURCE : MAIREinfo – Édition du mercredi 3 février 2021