Les résultats de l’enquête Pisa sur le niveau des élèves en mathématiques et en français ont été rendus publics hier, révélant une « baisse généralisée des performances », et un creusement des inégalités sociales.
Tous les trois ans depuis 2000 – à l’exception de 2021 pour cause de pandémie mondiale – une enquête est menée à l’échelle de 85 pays pour mesurer leur niveau en mathématiques et en langue. L’enquête fait apparaître les écarts entre pays mais permet aussi, sur la durée, de comparer l’évolution du niveau des élèves dans chaque pays.
Qu’est-ce que Pisa ?
Pilotée par l’OCDE, l’enquête Pisa (Programme international de suivi des acquis des élèves) est menée tous les trois ans auprès de jeunes de 15 ans. En France, quelque 8 000 élèves de 355 établissements (en collège, lycée agricole, général, technologique ou professionnel, public comme privé sous contrat) sont testés lors d’une épreuve de 3 h 30. Les élèves passent quatre épreuves (compréhension de l’écrit, culture mathématique, culture scientifique et pensée créative), puis répondent à un questionnaire précis permettant notamment d’estimer leur niveau socio-culturel. Pisa a en effet construit un indicateur baptisé SESC (indice de statut économique, social et culturel), appuyé sur le niveau d’éducation des parents, leur profession, le niveau d’accès du foyer à la culture, les ressources matérielles, etc. Cet indice permet de comparer les résultats des élèves en fonction de leur milieu social.
Mathématiques : de plus en plus d’élèves en difficulté
L’enquête publiée hier montre que le niveau en mathématiques est en forte baisse non seulement en France mais dans tous les pays de l’OCDE.
Avec un score moyen de 474, la France se situe dans la moyenne des pays de l’OCDE, la plupart d’entre eux se situant globalement à ce niveau : seuls quelques pays se situent très en dessous (Colombie, Costa-Rica, Mexique, Chili, Grèce) de ce niveau ou très au-dessus (Suisse, Estonie, Corée du sud et Japon). Il est cependant noté que le score de la France, qui était resté stable lors des précédentes enquêtes, chute maintenant de plus de 20 points.
Si l’on regarde les graphiques de près, il apparaît que ce score moyen cache de considérables disparités puisqu’il mélange les élèves de tous les établissements. Si le score moyen des élèves français en mathématiques est de 474, celui des élèves de seconde générale est bien plus élevé (plus de 500, au niveau du score moyen de la Corée du sud), quand celui des élèves de seconde professionnelle dépasse à peine les 400 points (niveau moyen du Chili). Quant aux élèves « en retard », qui sont encore en 3e à 15 ans, leur niveau en mathématiques dépasse à peine 380 points, ce qui les situe au niveau moyen des élèves du Costa-Rica.
Cette différence se retrouve sans surprise lorsque Pisa établit les scores en fonction de l’indice SESC (niveau social) : 239 points séparent les 10 % d’élèves les favorisés des 10 % les plus défavorisés. Certes, cet écart a un peu diminué (il était de 256 points en 2012). Mais il n’y a pas de quoi s’en réjouir : cette diminution n’est pas due à une amélioration des élèves les plus pauvres, mais au contraire à une baisse de niveau des élèves les plus favorisés.
Ce qui se retrouve d’ailleurs dans une autre donnée fournie par l’enquête : la proportion d’élèves très en difficulté augmente, tandis que celle des élèves très performants diminue : en 2003, 16 % des élèves étaient considérés comme « en difficulté » ; ce chiffre est de presque 30 % aujourd’hui. À l’inverse, alors que 15 % des élèves étaient jugés « très performants » en 2003, ils ne sont plus que 7 % aujourd’hui.
Compréhension de l’écrit
Les données concernant la compréhension de l’écrit (« capacité de comprendre utiliser, évaluer des textes, réfléchir à leur sujet et se les approprier pour atteindre un objectif, développer ses connaissances et ses capacités ainsi que participer à la vie en société » ) ne sont guère plus réjouissantes. Par rapport à 2018, le score des élèves français a baissé de 20 %. Si tous les pays de l’OCDE voient leur score diminuer, la baisse est significativement plus importante en France qu’ailleurs. On assiste là aussi à un glissement des élèves vers les bas niveaux, même s’il est un peu moins marqué qu’en mathématiques.
La France est même parmi les plus mauvais élèves de l’OCDE dans ce domaine, c’est-à-dire qu’elle est l’un des 8 pays dans lesquels la variation du score en fonction du niveau socio-économique est la plus forte.
Autant dire qu’à la lumière de ces résultats, il y a quelques inquiétudes à avoir sur « l’ascenseur social » et l’école qui permet « l’égalité républicaine » dont la France se vante si souvent. L’ascenseur en question semble, pour le moins, en travaux.
SOURCE : MAIREinfo – Édition du mercredi 6 décembre 2023