Alors que le risque de sécheresse estivale reste important, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a annoncé, ce week-end, la présentation prochaine d’un plan de gestion des vagues de chaleur effectif pour cet été. Il a également indiqué que la consultation publique devant définir la nouvelle stratégie d’adaptation de la France au réchauffement climatique serait lancée aujourd’hui.
Près de 70 % des nappes phréatiques à des niveaux bas
La situation climatique reste, en effet, inquiétante notamment pour l’été à venir. Malgré les précipitations qui se sont prolongées ces dernières semaines, une large majorité des nappes phréatiques françaises affichaient encore à des niveaux « peu satisfaisants », selon le dernier point de situation publié la semaine dernière par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), qui confirme ainsi les prévisions d’une nouvelle sécheresse à venir.
Au début du mois, 68 % des niveaux des nappes restaient ainsi « modérément bas à très bas », dont 20 % « très bas ». Bien que l’état des nappes se soit globalement amélioré avec « 17 % des points d’observation au-dessus des normales mensuelles », la situation en début de printemps était encore « plus déficitaire » que l’année dernière.
Et si les récentes pluies ont bien eu « un impact bénéfique » sur les nappes d’une grande partie du nord du territoire, dans le sud du pays cela n’a pas été le cas puisque « les pluies infiltrées en profondeur ont été insuffisantes voire inexistantes et les niveaux [ont été] généralement en baisse », explique le BRGM, qui pointe notamment la situation des nappes du « pourtour méditerranéen et du couloir Rhône-Saône », dont « les niveaux sont peu satisfaisants à très préoccupants, de modérément bas à très bas ».
Selon l’organisme, les prévisions pour l’été 2023 se révèlent donc « assez pessimistes », avec « un risque de sécheresse fort à très fort sur une majorité des nappes », aucune d’entre elles n’affichant des niveaux permettant de garantir des niveaux satisfaisants jusqu’à l’automne. Le risque « très fort » de sécheresse se confirme notamment sur les nappes du pourtour méditerranéen, des Grandes Causses, du couloir rhodanien, mais aussi du Bassin parisien, de la Brenne et du Poitou.
Le ministère de la Transition écologique a d’ailleurs confirmé que 26 départements se situant dans ces zones sont en « risque très probable de sécheresse d’ici la fin de l’été » et 2 000 communes sont « fragiles » en termes de sécurisation d’accès à l’eau potable. « Environ 400 opérations de travaux » ont donc été entreprises pour pallier ce risque.
Un plan chaleur pour les écoles, les festivals et les chantiers
Afin d’« être prêts pour un été chaud » et faire face aux prochaines vagues de chaleur, le ministre de la Transition écologique vient d’annoncer, dans un entretien au Journal du dimanche, qu’il dévoilera dans les prochains jours un « plan national de gestion des vagues de chaleur » qui sera « effectif dès cet été ».
« On va mettre en place des fiches techniques claires qui diront quoi faire dans tous les domaines, en fonction de différents cas pratiques à destination des préfets, des chefs d’entreprise, des organisateurs de manifestation culturelle », indique-t-il.
Cette « doctrine nationale », qui doit permettre d’éviter un « bricolage d’un territoire à l’autre », ciblera, en priorité, les crèches, les écoles, les travailleurs sur les chantiers ou encore l’organisation des examens. « Comment réagit-on quand on atteint des températures extrêmes ? Quels travaux doit-on lancer dans les écoles, les crèches, etc. ? Après la canicule de 2003, on a rendu obligatoire la présence d’une pièce fraîche dans les Ehpad, mais on s’est arrêté aux Ehpad. On a là un angle mort de l’adaptation dont on va se saisir à bras-le-corps avec ce plan national. Il faut une stratégie pour les crèches et les écoles, car les bébés et les jeunes enfants sont aussi un public fragile », a-t-il commencé à dévoiler.
S’agissant des chantiers et de l’organisation des examens, mais aussi des activités sportives ou des festivals, l’ancien maire d’Angers estime qu’il « faut une évolution réglementaire pour préserver ces activités sans mettre les gens en danger ».
Adaptation climatique : des formations en juin dans les mairies
En parallèle, ce dernier a annoncé le lancement, aujourd’hui, de la consultation publique devant définir la nouvelle stratégie d’adaptation de la France au réchauffement climatique qui, dans l’« hypothèse pessimiste » (mais bien « réaliste », selon Christophe Béchu) pourrait aller jusqu’à 4°C d’ici 2100. Des risques accrus sont ainsi à prévoir.
Dans le cadre de cette trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique (TRACC) qui sera soumise à concertation jusqu’à la fin de l’été, on apprend que les canicules pourraient durer jusqu’à deux mois d’ici la fin du siècle et certaines zones, comme le pourtour méditerranéen, pourrait connaître jusqu’à 90 nuits tropicales par an (avec une température au-dessus de 20 degrés).
Des pluies extrêmes plus intenses sont attendues, notamment sur une large moitié nord, et des épisodes de sécheresse estivale de plus d’un mois dans le sud et l’ouest. Outre des pénuries d’eau, des glissements de terrain sont à prévoir, mais aussi une aggravation des problèmes de retrait-gonflement des argiles, qui fragilisent les maisons.
De « fortes tensions sur l’agriculture et la forêt » sont donc à redouter tandis que la multiplication des inondations aura un « fort impact » sur les assurances, sur l’aménagement du territoire et sur les transports.
Pour faire face à ces différents risques, le gouvernement travaillerait sur trois chantiers. Le premier visera « les services et infrastructures publics : il faut que nos routes, notre réseau ferré, nos infrastructures de télécommunication… soient résilients à la nouvelle donne climatique », détaille Christophe Béchu dans le JDD. Le deuxième chantier portera sur un plan d’accompagnement des collectivités tandis que le troisième chantier sera consacré aux acteurs économiques puisque « tous les secteurs, du tourisme à l’industrie, doivent progressivement s’adapter ».
« Il s’agira de définir collectivement le niveau de protection que l’on souhaite atteindre. Par exemple, quelle route, jugée d’importance capitale pour un territoire, devra être protégée à tout prix ? Quelle route devra être déplacée ? Pourra-t-on accepter qu’elle soit inondée une ou plusieurs fois par an ? », relate l’hebdomadaire, en citant le document qu’il a pu consulter avant sa parution.
Selon le journal dominical, l’imposant chantier normatif et réglementaire sera pris en compte dans le troisième plan national d’adaptation au changement climatique qui sera « adopté à la fin de l’année ». « Ce ne sera pas juste un recueil des bonnes intentions. Il contiendra des mesures concrètes d’évolutions réglementaires, de conseils et de recommandations pour tous les acteurs », assure ainsi le ministre qui annonce qu’une formation sera, en outre, dispensée « dès juin dans les mairies, départements et préfectures ». Sans plus de précision.
A noter que le gouvernement a également présenté, hier, devant le Conseil national de la transition écologique (CNTE), les objectifs chiffrés par secteur de la trajectoire de décarbonation de la France d’ici à 2030.
SOURCE : MAIREinfo – Édition du mardi 23 mai 2023