S’il a quasiment retrouvé son niveau d’avant-crise sanitaire, le bénévolat associatif est désormais porté par davantage de jeunes du fait d’un « net désengagement des seniors ». C’est le résultat dévoilé par une enquête, parue la semaine passée et menée par l’Ifop auprès de 3 155 personnes (interrogées en janvier 2023) pour le compte du réseau d’experts Recherches & Solidarités.
Près de 23 % des Français engagés
En 2023, ce sont ainsi 22,8% des Français qui sont engagés au sein d’une association, selon les auteurs de l’enquête. « On se rapproche du niveau d’avant crise », avant que les « turbulences » du covid-19 ne conduisent la proportion de Français bénévoles a passé de 24 % en 2019 à 20 % en 2022.
Au-delà du seul bénévolat associatif, ce sont même 38 % des Français qui « donnent du temps gratuitement » (et 24 % qui en ont déjà donné), c’est-à-dire qui se sont engagés sous d’autres formes : « auprès d’autres organisations (politique, religieuse, syndicale, municipale…) ou de manière directe auprès d’une ou plusieurs personnes, en dehors du cadre familial ». Près de 7 % sont ainsi engagés dans une « mairie, école, église… ». Les plus jeunes (15-34 ans) étant les plus représentés, comme les plus diplômés.
Parmi les bénévoles associatifs, femmes et hommes sont à nouveau à parité alors que celles-ci, « plus affectées par les circonstances exceptionnelles de la crise sanitaire », avaient perdu 4 points en 2022.
En outre, Recherches & Solidarités constate qu’un quart des moins de 35 ans et des plus de 65 ans, 22 % des 35-49 ans et 19 % des 50-64 ans se consacrent à un engagement. Les plus diplômés étant là aussi les plus représentés.
Recomposition et « danger »
Reste que les tendances observées depuis plusieurs années se confirment, notamment via « une recomposition du bénévolat ».
Les auteurs de l’enquête observent ainsi un « engagement croissant » des moins de 35 ans et le « repli continu » des 65 ans et plus, « au point qu’ils affichent désormais une proportion identique de 25 % de bénévoles dans chacune de ces tranches d’âge ». Ils étaient ainsi près de 40 % à être bénévoles en 2010, puis plus que 31 % en 2019 et désormais 25 %. Il y a « un net désengagement des seniors » qui n’est donc pas nouveau. Le recul des 50-64 ans, moins important, est aussi patent.
Résultat, la tranche d’âge la plus représentée au sein des associations est désormais les 25-34 ans avec 27 % de leur tranche d’âge.
Selon Recherches & Solidarités, « la colonne vertébrale des associations est en danger » puisque les Français engagés chaque semaine sont moins nombreux avec une proportion de bénévoles qui se situait à 10 % en 2019 et ne retrouve pas tout à fait ce niveau en 2023 (9 %). « Les bénévoles revenus – ou arrivés depuis le Covid – ont plus souvent tendance à s’engager, ponctuellement ou chaque mois plutôt que chaque semaine », expliquent les auteurs de l’enquête.
« Ce constat ne vise pas à pointer du doigt les bénévoles qui interviennent ponctuellement, ne serait-ce que parce qu’ils sont susceptibles d’être plus présents demain, en fonction de leurs disponibilités et de leur projet de vie. Elle explique, pour partie, les difficultés rencontrées par de nombreuses associations pour mener à bien leurs activités », indique Recherches & Solidarités.
Par ailleurs, le réseau pointe « une fracture associative toujours aussi marquée » puisque « moins de 20 % de bénévoles en associations sont parmi les moins diplômés, près de 30% parmi les plus diplômés ».
SOURCE : MAIREinfo – Édition du mardi 7 mars 2023