Dans un contexte « inédit » d’explosion des factures d’énergie, qui « impacte significativement le budget des collectivités au risque d’empêcher certains investissements », Amorce, l’AMF et Intercommunalités de France ont publié ce guide pratique, visant à donner des solutions très opérationnelles aux collectivités pour « diminuer leurs consommations d’énergie rapidement ». Ce dans un contexte où le gouvernement met en place un « plan de sobriété » avec pour objectif une diminution de 10 % de la consommation énergétique du pays en deux ans.
Les mesures présentées dans ce guide sont « réalisables à court terme, peu coûteuses et sans difficulté d’acceptabilité » par la population. Chacune d’entre elle est illustrée par des « retours d’expérience » de collectivités qui les ont appliquées, et notée de une à trois étoiles en fonction de son impact sur les factures énergétiques.
Ces mesures ont été identifiées par un groupe de travail auquel ont participé quelque 215 collectivités. Outre les 10 propositions mises en avant, une centaine d’autres pistes sont présentées plus brièvement.
Audit, formation, chauffage…
Première proposition (sans classement de priorité) : « Établir une estimation globale des consommations d’énergie des bâtiments et services ». En compilant les factures, sur une saison de chauffe, avec l’aide d’un outil gratuit en ligne (www.e-sherpa.fr/), il est possible d’identifier les bâtiments les plus consommateurs, d’auditer le fonctionnement de leur installation de chauffage, éventuellement d’en réduire l’utilisation.
Deuxième action à mener de façon prioritaire : la « mobilisation des agents ». Formation et sensibilisation des agents, nomination « d’un responsable sobriété par étage ou par service », embauche, y compris mutualisée entre plusieurs communes, d’un « économe de flux » … les économies d’énergie passent, de façon prégnante, par une modification du comportement des agents.
Les collectivités peuvent agir directement sur le chauffage : en installant des dispositifs de régulation de la température (chantier « à prioriser », estiment les associations), et en régulant à 19 ° C les bâtiments occupés, (en tenant compte des usages et publics accueillis). Les bâtiments non occupés peuvent être chauffés à 8 ° C.
Un autre domaine d’action très efficace est, naturellement, l’éclairage public. L’extinction de celui-ci entre 23 h et 5 h 30, « excepté sur les axes principaux et zones sensibles », permet des économies d’énergie assez massives. Les études et retours d’expérience montrent que cette action, contrairement aux idées reçues, n’a d’incidence ni sur la criminalité ni sur l’accidentologie.
Parmi les autres mesures proposées, dont l’efficacité est moins spectaculaire mais pas négligeable, on peut citer la formation à l’écoconduite, pour économiser le carburant, la suppression de l’eau chaude dans certains bâtiments publics (hors écoles et établissements de santé), la réduction de la saison de chauffe, l’interdiction pour les agents d’utiliser des appareils électriques (chauffage d’appoint…), ou encore l’extinction des monuments et des enseignes lumineuses la nuit.
Des pistes à plus long terme
La deuxième partie du guide liste, de façon plus succincte, une centaine d’autres pistes, concernant des sujets aussi variés que les bâtiments, les piscines et équipements sportifs et culturels, le télétravail, les illuminations, les transports collectifs, les espaces verts, les déchets… Bien peu de secteurs entrant dans le champ de compétence des collectivités locales échappent à la question de l’énergie.
Ces pistes, précisent les auteurs du guide, sont « à court terme », le choix ayant été fait de privilégier les actions exécutables immédiatement avec un retour rapide. Elles n’excluent pas, bien au contraire, les actions « à moyen et long terme », plus coûteuses et plus longues à mettre en œuvre, mais qui permettront, à terme, un véritable retour sur investissement en matière de dépenses énergétiques. On pense ici à la rénovation énergétique des bâtiments, à la modernisation de l’éclairage public (passage au LED), ou encore au « verdissement » de la flotte de véhicules publics.
SOURCE : Édition du mardi 27 septembre 2022