Alors qu’environ 175 000 habitants seraient affectés en moyenne chaque année par des inondations par ruissellement et que 1,2 million de bâtiments résidentiels de plain-pied seraient exposés à ce risque, le Centre européen de prévention du risque d’inondation (Cepri) vient de publier un nouveau guide consacré à la gestion de ces inondations. Celui-ci est notamment destiné aux maires qui, au titre de leurs pouvoirs de police, se retrouvent en première ligne.
Un phénomène qui va s’accentuer
Les inondations d’octobre 2020 dans les hautes-vallées des Alpes-Maritimes tout comme les épisodes de crue et de ruissellement qui se sont produits tout au long de l’année 2021 rappellent « la forte exposition de nos territoires au risque d’inondation », soulignent les auteurs du guide dont le but est d’aider les élus à faire face à ce type d’événement climatique et à mieux élaborer leurs projets d’aménagement.
Un sujet d’autant plus d’actualité que ce genre de phénomène devrait « s’accentuer dans les prochaines années », au regard du changement climatique, avec « l’augmentation des épisodes de précipitations extrêmes » et de leurs conséquences : « des millions d’euros de dégâts », « des dégradations environnementales » et « parfois des décès ».
Que ce soit dans des territoires urbains ou ruraux, « le caractère soudain et violent des inondations par ruissellement les rend en effet particulièrement destructrices, ce qui les érige au même niveau que les inondations par débordement de cours d’eau en matière de montants d’indemnisation assurantielle », prévient le Cepri.
Difficile à anticiper
Reste que ce phénomène de ruissellement est « compliqué à délimiter », reconnait le Centre européen. Il provoque « inondations, coulées d’eaux boueuses et glissements de terrains », « tout en étant parfois lié aux débordements de cours d’eaux que les ruissellements contribuent à alimenter ».
En outre, il est « complexe à anticiper et à gérer ». En cause, les fortes précipitations souvent très localisées qui le génèrent, mais aussi les « modifications parfois rapides du territoire, notamment de l’augmentation de l’imperméabilisation des sols », expliquent les auteurs du guide. Et ceux-ci de rappeler que « des évènements récents ont mis en évidence que les communes rencontrent des difficultés à anticiper ce risque » qui a longtemps souffert d’un « manque d’investissements dans la connaissance, et de difficultés organisationnelles », sa gestion se situant à « la croisée de compétences assurées par les collectivités territoriales (assainissement, gestion des eaux pluviales urbaines, gestion des inondations) ».
Ainsi, « la prise de conscience de la problématique par les acteurs du territoire qui y sont directement confrontés se heurte encore à ces difficultés ».
Approche transversale
Quels sont alors les moyens d’action afin que les maires et leurs services se préparent en amont de la crise? D’abord, les auteurs soulignent que « les mesures techniques de réduction des ruissellements ne suffiront pas à elles seules à régler la question ». Selon eux, une « approche globale » est nécessaire alors que la gestion des ruissellements et de ses conséquences fait encore l’objet de « responsabilités fragmentées ».
Celle-ci doit donc être « à la croisée de différentes missions et compétences des collectivités territoriales, depuis l’aménagement du territoire, en passant par la gestion des eaux de pluie, des inondations, et jusqu’à la gestion de crise ». Il préconise un « travail partenarial large » entre les différents services et structures concernées afin d’apporter « une réponse coordonnée ».
Cette approche transversale doit ainsi permettre « d’articuler efficacement les différentes missions et leurs modes de financement respectifs (budget général, budget annexe assainissement, subventions) ».
Intégration dans les documents d’urbanisme
En outre, selon le Cepri, « c’est l’adaptation des territoires qui se révèle indispensable pour résoudre la problématique des ruissellements », que celle-ci se fasse afin de « réduire le phénomène à la source (en favorisant l’infiltration) ou pour aider le territoire à faire face aux conséquences de ce risque (réduction de la vulnérabilité du territoire et organisation d’une gestion de crise adaptée) ».
Afin de « tenir compte de la problématique des ruissellements dans la gestion des territoires », le Cepri estime qu’il est « urgent » de l’intégrer dans les documents de planification (PLU, SCoT) car « seule une intégration de la problématique dans l’ensemble des dispositifs de gestion de l’occupation du territoire permet d’envisager les risques à court, moyen et long termes ». Une mesure qui nécessite de « sensibiliser sans attendre l’ensemble des acteurs professionnels de l’aménagement ».
Celui-ci ajoute que l’objectif « Zéro artificialisation net » (ZAN) fixé à l’horizon 2050 par la loi Climat et résilience constitue « un levier de sensibilisation et d’incitation à une meilleure prise en compte des risques d’inondations par ruissellement dans les territoires ». Cet objectif reste « un outil d’incitation à la reconfiguration du territoire » et est « l’opportunité pour les collectivités d’inciter à la désimperméabilisation des espaces posant problème, dans les zones de production, de transfert et de stockage des ruissellements ».
Formation de gestion de crise le 3 mars
Le Cepri organisera d’ailleurs une formation à distance, le 3 mars prochain, sur « la gestion d’une crise inondation ». Celle-ci doit apporter aux élus locaux et au personnel municipal des « clés » leur permettant de « se préparer à faire face à une inondation affectant leur territoire, en anticipant au mieux les phénomènes, en planifiant la réponse de la commune et en préparant les habitants pour que ceux-ci adoptent des comportements adaptés au cours de l’évènement ».
Pour y participer, l’inscription doit se faire par mail à l’adresse info@cepri.net ou par téléphone au 02 38 21 15 22.
SOURCE : MAIREinfo – Édition du jeudi 20 janvier 2022