En dehors de la mesure permettant aux directeurs d’écoles d’accéder aux données médicales des élèves, qui a été censurée, le Conseil constitutionnel a validé la grande majorité des dispositions de la loi Vigilance sanitaire. Il va donc être possible au gouvernement, dès demain, de proroger l’usage du pass sanitaire.
Le pass sanitaire va être prolongé
En effet, la loi du 5 août 2021 n’autorisait l’usage du pass sanitaire pour accéder à un certain nombre d’établissements recevant du public que jusqu’au 15 novembre inclus – c’est-à-dire aujourd’hui. La mesure la plus importante de la nouvelle loi est de permettre au gouvernement, en fonction de la situation sanitaire, ou bien d’aller au-delà de cette date, ou bien de ranger provisoirement le pass sanitaire pour le remettre en vigueur plus tard – et ce jusqu’au 31 juillet prochain.
Vu la dégradation de la situation sanitaire en France – la presque totalité des départements a désormais dépassé le seuil d’alerte – il ne fait aucun doute que le pass sanitaire sera prolongé. Il faut donc s’attendre à ce qu’un décret soit publié au Journal officiel de demain, mardi 16 novembre, pour officialiser cette prolongation. La seule question étant, à cette heure, de savoir jusqu’à quand cette prolongation sera prononcée par le gouvernement. Seule certitude : cela se comptera en mois. En effet, le chef de l’État a annoncé la semaine dernière qu’il faudra une troisième dose pour valider le pass sanitaire pour les personnes de plus de 65 ans, à partir du 15 décembre. Cela donne à penser que le pass restera en vigueur au moins jusqu’à la fin de l’année. La députée LaREM des Yvelines Aurore Bergé, la semaine dernière sur LCI, a ouvert la porte à une prorogation jusqu’en « février, en mars », voire « en juin » si nécessaire.
La première réponse à ces questions viendra dans le décret attendu demain.
Le retour des règles dérogatoires dans les conseils municipaux et communautaires
L’un des points qui intéressera le plus les élus dans la loi Vigilance sanitaire est le V de l’article 10, qui modifie l’ordonnance du 1er avril 2020 « visant à assurer la continuité du fonctionnement des institutions locales et de l’exercice des compétences des collectivités territoriales et des établissements publics locaux ». C’est ce texte, au début de l’épidémie, qui a modifié les règles en matière de fonctionnement des organes délibérants des collectivités locales et de leurs groupements. Plusieurs fois prolongées, ces règles spéciales – et dérogatoires du droit commun – ont pris fin officiellement le 30 septembre dernier.
Pas pour longtemps : elles sont rétablies, depuis « la promulgation de la loi » Vigilance sanitaire, soit le 10 novembre 2021, et directement prorogées jusqu’au 31 juillet 2022.
En conséquence, depuis le 10 novembre, il est de nouveau possible de tenir les réunions des conseils régionaux, départementaux, municipaux, communautaires, ainsi que celles des organes délibérants des syndicats, selon des règles différentes de celles fixées par le Code général des collectivités territoriales.
Il est donc à nouveau possible de tenir ces réunions « en tout lieu », de se réunir sans public ou avec une jauge maximale, « le caractère public de la réunion [étant] réputé satisfait lorsque les débats sont accessibles en direct au public de manière électronique ». Le texte autorise à nouveau également que les réunions se tiennent en visio ou audioconférence. Le quorum permettant à une assemblée de se tenir repasse de la moitié à un tiers, et les élus peuvent à nouveau être porteurs de deux pouvoirs au lieu d’un.
Obligation vaccinale dans les crèches : clarification
Autre article important pour les élus : l’article 5 de la loi, qui modifie les règles en matière d’obligation vaccinale. Le texte règle maintenant clairement la question de l’application de cette obligation dans les crèches, qui a fait l’objet d’interprétations très différentes depuis la loi du 5 août : le gouvernement avait commencé par expliquer que l’obligation vaccinale ne s’appliquait pas aux personnels travaillant dans les crèches, avant que le Conseil d’État ne lui donne tort, et applique cette obligation de façon très large, non seulement aux personnels de santé mais également au personnel administratif.
La loi Vigilance sanitaire vient clarifier les choses : dans les établissements d’accueil du jeune enfant, les établissements et services de soutien à la parentalité et les établissements et services de protection de l’enfance, dès lors que ceux-ci sont situés en dehors des établissements de santé, l’obligation vaccinale s’applique « aux professionnels et aux personnes dont l’activité comprend l’exercice effectif d’actes de prévention, de diagnostic ou de soins attachés à leur statut ou à leur titre ». Autrement dit, elle ne s’applique ni aux personnels administratifs, ni aux personnels de santé si ceux-ci ne réalisent pas d’activité médicale.
SOURCE : MAIREinfo – Edition du lundi 15 novembre 2021