L’enquête a été réalisée fin août auprès de 3025 personnes. Il a été demandé aux personnes sondées de décrire leurs activités culturelles avant la crise sanitaire et après celle-ci, une fois le pass sanitaire mis en place.
Quatre Français sur dix n’ont pas repris leurs sorties
Résultat : seulement 40 % des personnes interrogées ont repris le chemin des lieux culturels après leur réouverture. Le ministère de la Culture a beau en conclure que ce chiffre traduit « l’attachement des Français aux sorties culturelles », il apparaît tout de même qu’en l’espèce, le verre est plus à moitié vide qu’à moitié plein, puisque 60 % des personnes n’ont pas repris leurs habitudes culturelles. 28 % des personnes interrogées indiquent toutefois qu’elles sont sorties « plus souvent » cet été qu’avant la crise « pour rattraper les occasions perdues ».
Plus précisément, parmi les personnes qui fréquentaient habituellement ces lieux avant la crise, 49 % ne sont pas retournés au cinéma, 60 % ne sont pas retournés dans un musée. La situation est pire encore pour les concerts (73 % n’y sont pas retournés) et le théâtre (75 %).
« La perception du risque sanitaire reste très forte », reconnaît le ministère de la Culture, qui indique que « 54% des personnes interrogées disent avoir craint les lieux très fréquentés ». 74 % disent vouloir désormais privilégier les loisirs « en plein air » par rapport aux sorties culturelles.
Ces chiffres traduisent « ce que l’on vit », estime dans Le Monde un directeur de théâtre à Lyon, qui révèle avoir perdu « 40 % du public habituel » depuis la rentrée, ce qui pourrait se traduire par « 800 000 euros de pertes à la fin de la saison ».
Un quart des répondants bloqués par le pass sanitaire
L’usage du pass sanitaire reste un frein très net aux sorties culturelles : 25 % des répondants avouent ne pas avoir de pass sanitaire et ne pas avoir envie de faire un test pour aller au cinéma ou au concert.
Et les choses ne vont pas forcément s’arranger rapidement : 30 % des personnes interrogées disent qu’elles vont « diminuer leurs sorties dans les mois à venir », et plus de la moitié (52 %) « qu’elles sortiront moins souvent qu’avant la pandémie ». L’enquête ne précise pas, cependant, si cela est uniquement dû aux craintes liées au virus ou à la baisse du pouvoir d’achat, qui peut être un frein tout aussi important dans la période actuelle.
Enfin, l’étude révèle que la pandémie aura durablement affecté les moyens d’accéder à la culture : le confinement est passé par là, et les Français sont aujourd’hui nombreux à se contenter de leur ordinateur pour accéder aux contenus culturels : « 46 % des personnes interrogées ont pris l’habitude nouvelle d’utiliser des moyens numériques pour accéder aux œuvres ». Et parmi ceux qui indiquent avoir l’intention de moins sortir d’ici la fin de l’année, un quart d’entre eux disent leur préférence pour « les moyens numériques » (un tiers chez les moins de 35 ans). Là encore, le facteur prix est peut-être à prendre en compte : le prix des places de cinéma dans les grandes villes apparaît aujourd’hui prohibitif à de nombreux jeunes, comparé à l’abonnement à une plateforme numérique.
Le conjoncturel et le structurel
Le ministère de la Culture conclut de cette enquête qu’il faut maintenant « suivre de très près » ces évolutions pour savoir ce qui relève de la conjoncture sanitaire et ce qui serait dû « à des évolutions structurelles des pratiques culturelles ». « L’enquête démontre en tout état de cause la nécessité, au-delà de la gestion de la crise, de préparer l’avenir des secteurs culturels, notamment en soutenant l’investissement dans la programmation, les équipements artistiques et la présence numérique, à travers notamment la stratégie en faveur des industries culturelles et créatives ou dans le cadre de France 2030 », concluent les services de Roselyne Bachelot.
SOURCE : MAIREinfo – Édition du vendredi 29 octobre 2021