Le ministère de l’Intérieur, qui avait promis lundi une diffusion de cette circulaire « dans la semaine », a tenu son engagement. Le document de 24 pages, téléchargeable ci-dessous, a été transmis aux préfets. S’il contient un certain nombre de dispositions habituellement rappelées aux maires à chaque scrutin, il comprend également des mesures tout à fait spécifiques liées à l’épidémie.
Campagne électorale
Le premier point abordé par la circulaire est, de facto, le plus problématique ! Il s’agit en effet des dates de la campagne électorale, et il est indiqué que les panneaux d’affichage électoral doivent être « en place et tenus à disposition des candidats » à partir du « lundi 31 mai 2021 », ce qui correspond à la date d’ouverture de la campagne officielle. Problème : le projet de loi qui vient d’être présenté, hier, en Conseil des ministres (lire article ci-dessous), prévoit une disposition différente, à savoir l’installation des panneaux dès la publication par le préfet des noms des candidats. C’est-à-dire, pour les élections départementales, vers le 10 mai. Certes, la loi n’est pas votée, et elle ne sera discutée qu’à partir de la semaine prochaine. C’est probablement la raison pour laquelle le ministère de l’Intérieur n’a pas souhaité mentionner cette disposition dans la circulaire – malgré les demandes de l’AMF. Néanmoins, les maires doivent se préparer à devoir réagir rapidement pour tenir compte de cette éventualité. Une alerte en ce sens leur sera adressée le plus rapidement possible.
Préparation du scrutin : les dates à retenir
Quelques dates à rappeler : les demandes d’inscription sur les listes électorales doivent être déposées au plus tard le vendredi 14 mai. Les commissions de contrôle des listes électorales devront se réunir entre le jeudi 27 mai et le dimanche 30 mai, avec affichage dès le lendemain de la liste des inscriptions et radiations décidées. Le tableau des inscriptions dérogatoires sera publié au plus tard le mardi 15 juin.
Les bulletins de vote sont censés arriver en mairie avant le mercredi 16 juin. Si ce n’est pas le cas, c’est à partir de cette date que les maires devront d’urgence prendre contact avec les préfectures.
En matière de procurations, il est rappelé que cette fois encore, tout électeur peut être porteur de deux procurations. Sur toutes les nouvelles règles concernant ce sujet, le lecteur pourra se reporter à cet article de Maire info du 8 avril dernier.
Double scrutin
Les élections des 20 et 27 juin ont ceci de particulier qu’il y aura deux scrutins. Il est clairement rappelé aux maires que « les bureaux de vote et les opérations électorales doivent être physiquement dédoublés ». Dans tous les cas, il reste obligatoire de désigner deux assesseurs au minimum pour chaque scrutin (deux pour les départementales, deux pour les régionales). Il est demandé aux maires de privilégier autant que possible les assesseurs « vaccinés ou immunisés ».
Pour le reste du bureau de vote (président et secrétaire), les règles vont varier en fonction de l’aménagement des lieux retenu. Si les bureaux de vote sont installés dans deux salles distinctes, les membres du bureau de vote devront naturellement être différents, ne pouvant se trouver dans deux lieux à la fois.
Si les deux bureaux de vote se trouvent dans la même salle (ce qui est possible si et seulement si les distances peuvent être respectées, en comptant 9 m² par personne présente), les deux parties de la salle doivent être « aménagées en bureau de vote autonome », ayant chacun leur table de vote, leur urne et leur table de décharge. Toutefois, il est possible de « mutualiser partiellement » les membres des deux bureaux de vote : les président et secrétaire peuvent être mutualisés pour les deux scrutins, à la différence des assesseurs. Il est obligatoire que « deux membres de chacun des bureaux de vote (titulaires ou suppléants) siègent en permanence à chacune des deux tables de vote ».
Il est également nécessaire de prévoir deux isoloirs distincts, chacun étant affecté à l’un des deux scrutins. Seule exception possible pour les communes ayant moins de 100 électeurs inscrits ; un seul isoloir est possible, mais à condition de n’accueillir qu’un seul électeur à la fois dans la salle.
De façon générale, nombre d’électeurs présents simultanément pour chaque scrutin devra être limité à 3 (un à la table de décharge, un dans l’isoloir et un à l’urne), soit 6 électeurs en tout si les deux scrutins ont lieu dans la même salle. Une file d’attente devra être organisée à l’extérieur du lieu de vote, et une seconde, prioritaire, pour les personnes vulnérables.
La circulaire fournit en annexe de très utiles schémas d’aménagement possible des bureaux de vote.
Mesures barrières et nettoyage
Les mesures barrières habituelles devront être strictement appliquées, et des équipements de protection devront être fournis aux électeurs qui n’en disposent pas (les dépenses seront à la charge de l’État). Les locaux devront être nettoyés avant et après les scrutins et « un nettoyage strict » devra être effectué « le lendemain ».
Vaccination des membres du bureau et des personnels communaux
Le gouvernement a accepté l’idée portée par les associations d’élus de faire vacciner, de façon prioritaire, les membres des bureaux de vote et les personnels communaux qui participent à l’organisation du scrutin. À cette fin, le ministère a créé une attestation spéciale, fournie en annexe de la circulaire, dite « attestation individuelle de priorité vaccinale en raison de la participation aux opérations électorales ». Signée par le maire, elle concerne les membres du bureau de vote et « les fonctionnaires communaux mobilisés ». « La personne détentrice de cette attestation doit être vaccinée en priorité avant le 8 juin 2021 », est-il indiqué.
Il est également fourni un modèle de tableau nominal indiquant la liste des personnes qui devront se faire vacciner. Le maire doit remplir ce tableau dès que possible et le faire parvenir au plus tard au préfet le vendredi 21 mai à midi. Munis de ce document, les préfets pourront déterminer des créneaux prioritaires dans certains centres de vaccination.
Les personnes qui n’auront pu être désignées avant le 21 mai devront réaliser un test 48 h avant le scrutin. Des autotests seront mis à disposition par l’État « dans des quantités et selon des modalités qui seront précisées ultérieurement ».
Dépouillement
Comme l’exige la loi, quatre scrutateurs devront être désignés pour le dépouillement de chaque scrutin. Il est demandé de prioriser les personnes « vaccinées ou immunisées », ou au moins ayant réalisé un test négatif 48 heures avant le scrutin.
Épidémie ou pas, le dépouillement doit impérativement rester public. Le président du bureau de vote est toutefois autorisé à limiter le nombre d’électeurs qui peuvent assister au dépouillement afin que les distances de sécurité (1,5 m) soient respectées. Le président pourra, dans ce cas, organiser une rotation des membres du public présents. Le maire peut également prévoir de « filmer les opérations de dépouillement et retransmettre celles-ci sur le site internet de la commune ».
La circulaire contient bien d’autres règles à connaître – en particulier sur la nullité des bulletins de vote ou la transmission des procès-verbaux. Il y est également indiqué que les frais d’assemblée électorale sont inchangés : pour chaque élection et chaque tour, 44,73 € par bureau de vote plus 0,10 € par électeur inscrit. Le travail supplémentaire qui résultera des obligations de « nettoyage strict » ou l’installation de barnums pour pouvoir procéder à un vote en extérieur, comme devrait le permettre la future loi qui vient d’être présentée en Conseil des ministres, ne semblent pas devoir être pris en charge.
SOURCE : MAIREinfo – Édition du jeudi 29 avril 2021