Les agents de la fonction publique considèrent ne pas avoir été suffisamment préparés au télétravail avant la crise sanitaire. Mais après deux confinements, ils plébiscitent cette manière – inédite pour l’écrasante majorité d’entre eux – d’exercer à distance leur mission de service public. C’est ce qui ressort du premier « Baromètre du travail ouvert » réalisé par Ipsos pour Wimi, une société informatique spécialisée dans l’édition de logiciels de gestion de projets. Publié le lundi 14 décembre, ce sondage établi au cours du mois de novembre à partir d’un questionnaire en ligne auquel ont répondu 500 agents publics et 500 salariés du secteur privé, montre d’abord que 75 % des personnels de l’État, des collectivités et des hôpitaux publics souhaitent avoir la possibilité de poursuivre l’expérience du télétravail. Ils sont 58 % à exprimer la volonté de bénéficier de ce régime « au moins une fois par semaine ». Pour autant, une large majorité des agents réfute l’idée de couper le lien physique avec leur environnement professionnel traditionnel. 81 % des agents sondés manifestent, en effet, le désir que leur bureau au sein de l’administration demeure leur « lieu de travail principal » après la pandémie de covid-19. Pour ces personnels, la crise sanitaire devrait néanmoins laisser des traces durables dans l’organisation du travail. 59 % des agents questionnés par Ipsos se disent convaincus que « demain il y aura davantage de travail à distance » et que l’organisation des services sera « durablement impactée par la crise ».
Pour les salariés de la sphère publique, l’irruption du travail à distance dans leur pratique professionnelle a d’abord été vécue comme un choc. Pour 73 % d’entre eux, l’administration ne s’était pas préparée à adapter l’organisation des services publics aux impératifs du premier confinement. À titre de comparaison, seulement 52 % des salariés du secteur privé avaient la même opinion vis-à-vis de leur entreprise. Pour le second confinement, 51 % des agents publics estimaient que leur administration n’était toujours pas prête à organiser efficacement le travail à distance alors que 40 % des salariés du privé faisaient le même reproche à leur employeur.
Le deuxième confinement mieux vécu que le premier
Malgré ces appréciations négatives, les agents de la fonction publique tirent un bilan positif de leur expérience de télétravailleurs. Deux sur trois (67 %) affirment avoir « bien vécu » le second confinement d’un point de vue professionnel – le fait de ne plus avoir les enfants à la maison ayant, très certainement, joué dans le sentiment d’un télétravail plus confortable. Le travail à distance constitue un « gain de temps » pour 68 % des répondants et se traduit par « davantage d’efficacité dans le travail personnel » pour 67 % d’entre eux. En outre, ils considèrent à 69 % que cette façon inédite d’exercer une activité procure un plus grand « confort ». À l’autre extrémité du panel, une forte minorité des agents interrogés juge que le télétravail est synonyme de « galère » (31 %), voire de « stress » (24 %). Des critiques essentiellement fondées sur l’impact du travail dans la sphère personnelle et familiale, puisque 58 % des répondants jugent que le fait de travailler à son domicile induit « des horaires étendus ». Un avis toutefois contrebalancé par une forte proportion d’agents (56 %) qui affirme au contraire que le télétravail engendre un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée.
Des obstacles culturels et logistiques
Selon le Baromètre, les administrations doivent désormais surmonter des obstacles à la fois culturels et techniques pour organiser le travail à distance à plus grande échelle. Alors que la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Amélie de Montchalin, a fixé un objectif de 50 % d’agents en télétravail à brève échéance, les personnels interrogés par Ipsos font état d’une « culture du présentéisme » encore trop prégnante dans les services. 65 % d’entre eux estiment que, dans leur organisation, « les gens restent au bureau pour montrer qu’ils travaillent » et 53 % des agents jugent que les personnes qui travaillent à distance « sont considérés comme des ‘’planqués’’ ». Par ailleurs, les répondants mettent en avant de nombreux freins logistiques au développement du télétravail. Ils citent notamment les problèmes d’équipement, en estimant à 51 % que « les outils fournis ne sont pas adaptés au télétravail ». Moins d’un agent sur deux déclare avoir facilement accès à ses documents à distance.
Source : MAIREinfo – Édition du mercredi 16 décembre 2020