Trois Français sur quatre estiment que leur maire a accompli un travail « excellent » (12 %) ou «bon » (63 %) et six Français sur dix souhaitent qu’il soit candidat lors des prochaines élections municipales. A moins d’un an de l’échéance, une nouvelle enquête (intitulée « Les attentes des Français vis-à-vis de leur maire : proximité et reconduction »), conduite en partenariat par l’AMF et le Centre d’études de la vie politique française de Sciences Po (Cevipof) et publiée ce matin, témoigne du « large sentiment positif » des 15 308 personnes interrogées (1) sur le bilan des maires et de leur équipe municipale.
Une situation « plus avantageuse » qu’en 2014
« C’est rassurant et réconfortant, cela témoigne de l’enracinement auprès des gens d’une politique de proximité », a indiqué, ce matin sur Franceinfo, le président de l’AMF, François Baroin, qui observe une « vraie évolution par rapport en 2014 ». En effet, lors des dernières élections municipales « bon nombre de maires sortants avaient été victimes d’une forme de dégagisme politique », rappelle l’enquête.
« Aujourd’hui, la situation semble plus avantageuse à l’égard des maires car les personnes interrogées dans l’enquête expriment à une large majorité un jugement positif », d’autant qu’il y a « peu de différence entre la taille des communes », et donc « pas de bilan à deux vitesses entre communes », constate dans son analyse de l’enquête Martial Foucault, directeur du Cevipof et professeur à Sciences Po.
Il ressort, toutefois, que les nouveaux arrivants dans une commune jugent plus positivement le bilan de l’action municipale (82 % en moyenne) que les personnes les plus sédentaires (70 %). « Plus l’ancienneté de résidence est grande, plus la critique est forte », explique Martial Foucault qui note que le lien de confiance entre les Français et leurs maires reste « stable » depuis une dizaine d’années, « autour de 60 % ».
Les raisons de ce « plébiscite » tiendraient à « un ensemble alliant proximité et exemplarité » car, quelle que soit la taille de la commune, les quatre premières qualités attendues d’un maire par les Français sont l’honnêteté (40 %), le respect des promesses (19 %), la proximité (18 %) et la compétence (14 %).
Élections municipales : 61 % des Français souhaitent que leur maire soit candidat en 2020
Cette confiance envers les édiles se traduit par le fait que 61 % des personnes interrogées souhaitent que leur maire soit candidat en mars 2020 (dont 58 % souhaitent qu’il soit reconduit dans ses fonctions). Ce taux varie légèrement selon la taille de la commune allant de 57 % pour les habitants de communes moyennes (10 à 50 000 habitants) à 67 % pour les communes rurales de moins de 2 000 habitants.
« Un tel score en période de crise de la représentation politique – qui rendrait beaucoup d’autres élus fort jaloux – tient non pas du miracle mais de l’attachement à un socle républicain d’une démocratie locale », estime le directeur du Cévipof pour qui « le rôle des maires comme médiateurs d’insatisfactions grandissantes dans la société ou bâtisseurs visibles d’un cadre de vie de qualité explique pour partie l’attachement des Français à leur fonction et au rôle social qu’ils assument ».
Deux priorités : environnement et services de proximité
Concernant l’action publique, les habitants souhaiteraient voir deux priorités endossées par leur maire pour les années à venir : la préservation de l’environnement et le développement ou le maintien des services de proximité. Cette dernière priorité témoigne des « difficultés qu’éprouve une part de la population quant à l’accès à un certain nombre de services publics locaux », mis en évidence par « la crise des Gilets jaune », juge Martial Foucault qui remarque que « les enjeux liés aux transports, mobilités, santé, services publics se sont ajoutés à une pression fiscale croissante pour laisser place à une fracture territoriale explosive ».
Cependant, la hiérarchie des priorités s’inverse entre les habitants des communes de taille différente. Les citoyens des communes de petite taille attendent ainsi du prochain maire « autant un engagement sur le maintien et le développement des services de proximité (20 %) qu’une politique environnementale sur le territoire de leur commune (19 %) ». Pour les communes de plus grande taille, la priorité est accordée avant tout à « la préservation de l’environnement (28 %), la sécurité publique (24 %), les services de proximité (22 %) et la baisse des impôts locaux (21 %) ».
Si cette enquête confirme que les Français sont ainsi attachés à leur commune « au point d’en tirer un bilan positif pour les cinq dernières années » en en attribuant la « responsabilité » à leur maire, elle confirme, par ailleurs, l’existence de fractures territoriales concernant l’accès à certains services publics d’éducation ou de santé, ou de difficultés de mobilité.
A noter que l’Observatoire de la démocratie de proximité interrogera, en octobre, l’ensemble des maires de France sur le bilan de leur mandat et les orientations souhaitées d’un nouvel acte de décentralisation. Cette enquête doit être présentée, en novembre prochain, lors du 102e congrès des maires et des présidents d’intercommunalité de France.
Retrouver les résultats de l’enquête sur le site de l’AMF.
(1) L’enquête AMF-Cevipof/SciencesPo a été construite à partir d’un questionnaire comprenant 68 questions. L’administration de l’enquête a été confiée à Ipsos Sopra-Steria qui a interrogé 15 308 personnes inscrites sur les listes électorales, constituant un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. Interrogés entre le 14 et 26 juin 2019.
SOURCE ET DROIT DE PUBLICATION : MAIREInfo – Édition du 8 juillet 2019